ÉDITION SPÉCIALE – JUILLET 2023
La demande explose pour l’huile de tournesol
Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Parlez-en à Daniel Dubé de la ferme Le Pré Rieur de Saint-Jean-Port-Joli, producteur d’huile de tournesol. Depuis l’an dernier, la demande pour son produit a facilement triplé au Québec, une conséquence directe du conflit russo-ukrainien.
Maxime Paradis
Daniel Dubé ne voudrait surtout pas être taxé de faire ses choux gras sur le dos de la guerre en Ukraine. Il doit toutefois admettre que la demande pour son huile de tournesol oléique biologique a explosé dans les mois qui ont suivi le début du conflit. « L’Ukraine est un des plus gros producteurs mon-
diaux d’huile de tournesol. Cette réalité, combinée à la grosse sécheresse en Europe, a fait que de gros transformateurs de chez nous, qui achetaient cette huile en vrac à l’étranger, se sont tournés vers les producteurs locaux », explique-t-il.
Ainsi, la ferme Le Pré Rieur produit annuellement 30 000 litres d’huile de tournesol. Au terme de la saison 2023, si dame nature ne fait pas des siennes, l’entreprise port-jolienne estime qu’elle aura entre ses mains suffisamment de graines pour en transformer l’équivalent de 50 000 litres en huile au courant de 2024. Parmi ses plus gros clients, une boulangerie montréalaise qui achète pour environ 1000 litres par mois, ou encore Olive pressée, un grossiste de Montréal, qui vend en vrac l’équivalent de 3500 litres par année. « Une expansion de la sorte demande une grosse planification », soulève Daniel Dubé.
Le transformateur doit entre autres planifier les semences qu’il fournit à ses cultivateurs plus d’un an et demi à l’avance. Outre le champ bien connu à la Ferme-école Lapokita de La Pocatière, les tournesols de la ferme Le Pré Rieur fleurissent également à Sainte-Louise, Saint-Roch-des-Aulnaies, Lévis, et à deux nouveaux endroits dans la région de Lotbinière. L’objectif est de pouvoir soutenir cette croissance auprès des gros acheteurs en vrac, tout en demeurant accessible pour le consommateur sur les rayons des marchés d’alimentation du Québec. « Comme tout le monde dans le domaine agroalimentaire, nos coûts de production ont augmenté dans la dernière année, mais la plus large production nous a permis de mieux équilibrer nos prix et les finances de l’entreprise », ajoute-t-il.
Meilleure que l’huile d’olive
La ferme Le Pré Rieur a débuté la production de son huile de tournesol oléique biologique en 2015. « Le départ a été lent », reconnaît le propriétaire de l’entreprise, qui se battait au départ pour faire connaître les vertus de ce produit méconnu, placé en compétition directe avec l’huile d’olive dont l’usage est pratiquement quotidien dans les cuisines du Québec. « Et pourtant, le pourcentage en oméga-9 dépasse largement celui des meilleures huiles d’olive. On frôle les 82 % », poursuit-il.
Autant l’huile peut être consommée à température pièce, autant ses propriétés de résistance à la chaleur permettent de l’utiliser pour la cuisson, ou encore même la friture. « Un de nos clients produit des croustilles qu’il fait frire directement dans notre huile », avoue Daniel Dubé, ce qui constitue un signe de la démocratisation du produit depuis les débuts de sa mise en marché.
En mode diversification, la ferme Le Pré Rieur tentera prochainement de faire connaître davantage sa farine de pois jaune, qui peut remplacer intégralement la farine de blé entier. « Elle peut donc servir à différents usages. On s’attend à une belle croissance avec ce produit ces prochaines années », conclut-il.
Les partenaires présents lors du lancement. Photo : Courtoisie