La planification est la clé d’un transfert de ferme réussi
Pour la conseillère en transfert d’entreprise au Centre régional d’établissement en agriculture (CRÉA) du Bas-Saint-Laurent, Antonine Rodrigue, la clé de la réussite pour un bon transfert de ferme, c’est la préparation.
Collaboration spéciale : Alexandre D’Astous
« Un bon transfert, ça se prépare pendant au moins cinq ans », indique Mme Rodrigue, qui a présenté une conférence lors de l’événement Transférer sa ferme, tenue le 13 février à Trois-Pistoles à l’initiative de la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent.
« On voulait montrer aux producteurs qu’il y a des alternatives au démantèlement ou à la vente à un investisseur. Souvent, on a l’impression qu’il n’y a pas de relève, mais il y a une partie qui est liée aux propriétaires qui ne sont pas suffisamment préparés. Ils décident rapidement de se départir de leur production principale, ce qui fait que nous n’avons pas le temps de regarder avec eux les différentes options », souligne Mme Rodrigue.
La relève est présente
Antonine Rodrigue constate qu’il y a des jeunes dans les institutions d’enseignement qui sont prêts à acquérir des entreprises, mais que ça prend des producteurs qui sont préparés à leur laisser la place. « L’arrivée de L’Arterre a été un plus. C’est une organisation qui accueille des orphelins, c’est-à-dire des jeunes sans entreprise et des producteurs sans relève. Cela nous a permis d’avoir une augmentation du nombre de transferts non apparentés au Bas-Saint-Laurent. À Sainte-Hélène-de-Kamouraska, il y a eu quatre transferts de fermes laitières depuis deux ans, dont deux impliquant l’arrivée de familles de quatre enfants. C’est très intéressant. »
Propriétaires autour de 50 ans
L’activité s’adressait surtout aux propriétaires autour de 50 ans qui souhaitent vendre ou transférer leur entreprise dans les cinq prochaines années, et qui n’ont pas de relève identifiée. « On leur demandait de venir à cette activité. Ensuite, ils pouvaient demander une rencontre avec le CRÉA ou L’Arterre, ou les deux. Nous allons les recontacter bientôt. Ce sont plus de 100 propriétaires [115] qui ont été rejoints dans la tournée des huit MRC du Bas-Saint-Laurent », mentionne Mme Rodrigue.
Le CRÉA est majoritairement impliqué dans des dossiers de transfert où les gens ont une relève, ce qui n’est pas le cas pour L’Arterre. « Trop souvent, lorsque les propriétaires ne sont pas préparés, ils vont annoncer des choses à la relève sans avoir pris toutes les informations. Des fois, cela crée des déceptions chez la relève, parce que les attentes du propriétaire changent en cours de route. Dans les transferts non apparentés, la confiance est hyper fragile. Il faut que chacun fasse son bout de chemin. La relève doit avoir une certaine mise de fonds, et les vendeurs doivent accepter de vendre à une somme différente de la somme des actifs », explique Mme Rodrigue, qui assure que toutes les démarches se font de manière confidentielle.
Les participants à l’activité Transférer sa ferme du 13 février à Trois-Pistoles.