
Du lait, des légumes et des convictions
Depuis 2017, la ferme Le Sillon s’est tournée vers la production laitière. Une aventure marquée par le travail, les sacrifices, mais aussi par la passion, la diversification, et par une vision claire du rôle des producteurs dans le système agricole canadien.
MARC LAROUCHE
« On a foncé. Si on s’était posé trop de questions, on ne l’aurait peut-être jamais fait », résume Olivier Marquis, copropriétaire avec sa conjointe Marie-Christine Fortin de la ferme Le Sillon. L’un et l’autre sont diplômés de l’ITA en gestion et exploitation d’entreprise agricole. Le démarrage en production laitière a exigé beaucoup, mais l’appel du métier était trop fort.
En 2017, après avoir participé au programme de démarrage de la Fédération des producteurs de lait du Québec, le couple construit une vacherie neuve, et commence à livrer ses premiers litres de lait à l’automne. Ce n’est pas une reprise familiale du côté laitier, mais une relance audacieuse sur une terre cultivée par la famille depuis six générations.
« C’est une production exigeante, mais prospère, parce qu’elle est encadrée par la gestion de l’offre. Et j’aime profondément travailler avec les animaux », confie M. Marquis. Les vaches Jersey de la ferme font maintenant la fierté du couple : plusieurs sont vendues pour la reproduction, des embryons sont exportés, et des performances remarquables ont récemment valu à la ferme un prix national.
Mais tout cela n’est possible qu’avec une rigueur quotidienne et une grande capacité d’adaptation. « Il y a des sacrifices, c’est certain. On n’a pas un rythme de vie comme tout le monde, on ne part pas chaque fin de semaine, mais au final, c’est ça qui nous satisfait. »
Investissements constants
Les investissements sont constants : drainage des terres, amélioration des bâtiments, efficacité de la traite. La ferme mise aussi sur le bien-être animal. « On est au summum de ce qu’on peut offrir. Si tu veux que tes animaux te donnent plus, il faut commencer par leur en donner plus. »
L’autre volet de l’entreprise, Le Sillon des saveurs, est tout aussi vivant. La boutique à la ferme attire une clientèle fidèle pour ses légumes variés, ses viandes et ses produits partenaires. « On cultive une quinzaine de variétés de légumes, comme les oignons sucrés ou les carottes nantaises. On vend aussi du bœuf, du porc, et même du compost fait ici. »
Cette diversification, typique des fermes modernes, permet aussi de maintenir un lien de proximité avec la population. « C’est un marché qu’on veut développer davantage dans les prochaines années, en innovant et en élargissant notre offre. »
Interrogé sur les déclarations récentes de Donald Trump au sujet de possibles taxes sur les produits laitiers canadiens, Olivier Marquis ne se démonte pas. «Présentement, ce qu’on exporte en lait aux États-Unis, c’est une goutte d’eau dans l’océan. Ce sont des menaces qui font du bruit, mais ça ne nous touche pratiquement pas », explique-t-il, ajoutant que la gestion de l’offre protège les producteurs d’ici.
« Au pays, on produit ce qu’on consomme. Si la demande augmente, on produit plus. Si elle baisse, on ajuste. Le but n’est pas d’inonder les marchés étrangers, mais de nourrir notre monde. »
Cette vision autonome et maîtrisée de l’agriculture est au cœur de l’engagement d’Olivier Marquis et de sa conjointe. Entre les longues journées de travail, les décisions stratégiques, et le contact direct avec les consommateurs, ils poursuivent leur route avec comme moteur principal la volonté ferme de « faire mieux, chaque année. »

Toute la famille met la main à la pâte. Photo : Cynthia Fillion, photographe

L’aventure de la ferme Le Sillon est marquée par le travail et les sacrifices. Photo : Cynthia Fillion, photographe