
L’industrie ovine au Québec en pleine expansion
L’industrie ovine au Québec est en pleine expansion, portée par une demande croissante pour la viande d’agneau et les produits dérivés du mouton. Son histoire est marquée par plusieurs étapes clés qui ont façonné son développement au fil des siècles.
José Soucy
Les premières tentatives d’introduction d’animaux d’élevage en Nouvelle-France remontent à 1541, lorsque Jacques Cartier apporte des bovins, des chèvres et des porcs dans le cadre de la colonisation de Cap-Rouge. Toutefois, ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que l’élevage ovin commence réellement à se développer.
Croissance de la population ovine
L’élevage ovin connaît une progression notable au fil des décennies. En 1671, le recensement de l’Acadie indique la présence de 524 moutons pour une population de 392 habitants, soit plus d’un mouton par personne. En Nouvelle-France, le nombre de moutons augmente également, bien que les chiffres précis varient selon les sources.
Toutefois, ce n’est qu’au XIXe siècle, bien après la Conquête britannique, que l’élevage ovin connaîtra un véritable essor, notamment dans certaines régions comme Charlevoix, où les moutons deviendront un élément central de l’agriculture locale. À cette époque, le cheptel ovin y surpassait celui des chevaux, des vaches laitières et des porcs.
Structuration et modernisation de l’industrie ovine
Au XXe siècle, l’élevage ovin prend une nouvelle dimension avec la structuration du secteur. En 1981, la Fédération des producteurs d’agneaux et moutons du Québec (FPAMQ) est créée pour défendre les intérêts des éleveurs. L’année suivante, le Plan conjoint des producteurs d’ovins du Québec est mis en place pour organiser la mise en marché, et assurer une rémunération équitable aux producteurs.
Dans les années 1990, un tournant majeur survient avec la fermeture de la ferme de recherche sur le mouton de La Pocatière en 1995. Face à cette décision, l’industrie réagit en créant le Centre d’expertise en production ovine du Québec (CEPOQ), qui devient une référence en matière de recherche et de développement dans le secteur. Cet organisme soutient les éleveurs en mettant en place des innovations, notamment dans la gestion des troupeaux et l’amélioration de la génétique ovine.
L’essor de l’industrie ovine aujourd’hui
Depuis quelques années, l’élevage ovin connaît une forte croissance au Québec. Le secteur est soutenu par une demande accrue pour la viande d’agneau, qui est aujourd’hui le quatrième type de viande le plus consommé après la volaille, le bœuf et le porc. La consommation d’agneau est particulièrement élevée durant certaines fêtes célébrées au pays. Le Québec est par ailleurs aujourd’hui le deuxième plus grand producteur d’agneaux et de lait de brebis au Canada.
Les défis
Malgré son expansion, l’industrie ovine québécoise doit relever plusieurs défis, notamment la gestion des coûts de production, la concurrence des importations, et l’éducation des consommateurs sur les bienfaits de l’agneau local.
L’avenir de l’industrie ovine au Québec semble donc prometteur, puisqu’elle est portée par l’enthousiasme des producteurs, le soutien des institutions, et l’intérêt grandissant des consommateurs pour des produits locaux et de qualité.

L’élevage ovin a connu une progression notable au fil des décennies. Photo : Caroline Pelletier