
Travailleurs de rang : un soutien essentiel
pour la santé mentale des agriculteurs
Dans un milieu agricole où les pressions financières, la surcharge de travail et l’isolement sont omniprésents, les travailleurs de rang jouent un rôle clé en offrant une écoute attentive et un accompagnement adapté aux agriculteurs en détresse. Inspiré du travail de rue, ce service essentiel vise à briser l’isolement et à prévenir les situations de crise en allant directement à la rencontre des producteurs.
José Soucy
Les travailleurs de rang sont des intervenants en relation d’aide spécialement formés pour comprendre les réalités agricoles. Ils sillonnent les fermes, participent aux réunions de l’Union des producteurs agricoles (UPA), organisent des conférences, et utilisent divers canaux comme les médias sociaux et les journaux agricoles pour sensibiliser les producteurs à l’importance de la santé mentale. Leur approche proactive leur permet d’identifier rapidement les signes de détresse, et de proposer des solutions adaptées.
Parmi les principales sources de stress des agriculteurs figurent les préoccupations financières, la surcharge de travail, les conditions climatiques imprévisibles, les conflits familiaux, et les exigences réglementaires croissantes. La nature même du travail agricole, qui imbrique étroitement vie privée et vie professionnelle, accentue ces difficultés. Conflits intergénérationnels, transferts de ferme compliqués, accidents et pénurie de main-d’œuvre sont autant de défis auxquels les agriculteurs font face quotidiennement.
Un accompagnement sur mesure
L’intervention des travailleurs de rang repose sur une approche personnalisée et flexible. Ils offrent divers types de rencontres — individuelles, familiales, de couple ou de groupe, en personne, par téléphone ou en visioconférence — selon les besoins et la disponibilité des producteurs. Leur objectif est de créer un climat de confiance, et de proposer un accompagnement sans jugement.
Le processus d’intervention se fait en plusieurs étapes : prise de contact et écoute active pour comprendre la situation vécue ; définition d’un objectif prioritaire en collaboration avec l’agriculteur ; mise en place d’un suivi et ajustement au besoin ; accompagnement jusqu’à ce que la personne retrouve un équilibre satisfaisant ; et référencement vers des services spécialisés, si nécessaire. Le respect de la confidentialité demeure par ailleurs une priorité absolue dans la démarche, pour garantir un environnement sécurisant aux agriculteurs qui osent demander de l’aide.
Un service à préserver et à renforcer
L’importance des travailleurs de rang est particulièrement évidente en Chaudière-Appalaches, où le service est en place depuis 2016. Dès la première année, 217 demandes d’aide ont été enregistrées, et en 2023, 180 nouvelles demandes ont été faites dans cette région, représentant 26 % des sollicitations totales de l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA). Pour répondre à la demande croissante, l’embauche de nouvelles ressources s’est avérée essentielle. Au Kamouraska, les agriculteurs peuvent compter sur Pierrette Dion qui est joignable au 450 768-6995, ou à pierrettedion@acfareseaux.qc.ca. Pour la MRC de L’Islet, Alexandra Lapointe est disponible au 450 768-6995 ou à alexandralapointe@acfareseaux.qc.ca, et également Lysa-Pier Bolduc au 450 768-6995 et à lysapierbolduc@acfareseaux.qc.ca.

Lysa-Pier Bolduc. Photo : Courtoisie