
PLASTIQUES, TARIFS ET PAPERASSE
Les producteurs agricoles en mode revendication
L’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent sonne l’alarme. Entre la collecte inadéquate des plastiques, l’incertitude des ententes commerciales, et le poids grandissant des normes, les agriculteurs de la région veulent de l’écoute et des actions concrètes.
MARC LAROUCHE
Depuis janvier, les producteurs de la région doivent eux-mêmes acheminer leurs plastiques usagés à deux points de dépôt : la meunerie de Saint-Philippe et la coopérative de Saint-Alexandre. « Ça veut dire des déplacements, du temps, des remorques, et seulement deux sites pour tout le territoire. Ce qu’on souhaite, c’est une collecte porte-à-porte, comme pour les autres matières recyclables », note Nathalie Lemieux, présidente de l’UPA du Bas-Saint-Laurent.
Cette dernière rappelle que des démarches ont été entamées auprès des élus de la MRC, qui ont adopté des résolutions demandant un meilleur financement de l’organisme AgriRÉCUP, chargé de la récupération. « On veut que les sommes qui leur sont dues soient enfin versées pour mettre en place des systèmes de collecte efficaces. »
Tarifs douaniers
Au-delà des questions environnementales, l’UPA s’inquiète aussi des impacts économiques liés aux tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis. « Certaines de nos productions, comme le sirop d’érable, les légumes ou les viandes sont largement exportées vers les États-Unis. Si on perd ces marchés, ce n’est pas évident de les remplacer à court terme. »
L’approche des élections fédérales ajoute un degré d’incertitude. « C’est anxiogène. Un jour, on nous annonce un décret. Le lendemain, ça change complètement. Cette instabilité complique la planification à long terme pour nos entreprises. » La renégociation potentielle de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) est également sur le radar des agriculteurs, qui demandent une meilleure protection des secteurs sous gestion de l’offre.
« On va devoir rappeler aux candidats l’importance de l’occupation du territoire. Nos villages vivent grâce à l’agriculture. Ce sont nos fermes qui font vivre les écoles, les quincailleries, les commerces de proximité », précise-t-elle.
Normes et programmes
Autre dossier chaud : les normes. « On est noyés dans la paperasse. Et pendant qu’on se conforme à des règles strictes, on laisse entrer des produits étrangers qui n’ont pas les mêmes standards. Il faut de la réciprocité », dit Mme Lemieux, qui appelle à une simplification réglementaire, sans compromettre la qualité des produits locaux.
La main-d’œuvre agricole, les programmes d’assurance, et les mécanismes de soutien à la relance demeurent aussi prioritaires. « Une bonne partie de ces leviers vient du fédéral. Il faudra que les candidats s’engagent clairement », conclut-elle.
Cap sur la relève agricole
Tenu pour la première fois en présentiel, le Salon de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent réunira les jeunes de la relève à Sainte-Luce le 24 avril. Les aspirants agriculteurs et les acteurs du milieu seront regroupés autour d’une journée dédiée au partage, à l’accompagnement, et à la concrétisation des projets agricoles de demain.
MARC LAROUCHE
« Que vous soyez aspirant agriculteur, étudiant dans le domaine, ou déjà en démarrage, cet événement a été conçu pour vous accompagner dans la réalisation de votre rêve de vivre de l’agriculture », lance Vincent Dupont, de l’Association de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent.
Présenté par Cultiver le Bas-Saint-Laurent, le Salon de la relève agricole est organisé par le comité relève-cédant de la Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent. Il s’agira d’un rendez-vous inédit, à la fois formateur et rassembleur pour toute personne intéressée par l’établissement agricole, dans un contexte où les défis sont nombreux, mais où les ressources existent pour les relever.
Sous le thème « Dans le contexte agricole actuel, comment peut-on réaliser notre projet de rêve ? », le salon proposera une programmation dense et diversifiée. L’agronome Anne Le Mat y présentera une conférence sur les conditions gagnantes pour s’établir en agriculture en 2025, offrant une lecture éclairée et actuelle du milieu. De jeunes producteurs viendront également témoigner de leur propre parcours et des modèles qu’ils ont mis en place, une belle occasion de s’inspirer de leurs réussites et de leurs choix audacieux.
Différentes activités
Tout au long de la journée, des kiosques animés par des organismes du milieu permettront aux visiteurs de découvrir les ressources, programmes, services-conseils et outils disponibles pour accompagner les projets agricoles, que ce soit en matière de financement, de transfert, de développement durable ou d’innovation.
Pour clôturer l’événement sur une note conviviale, un quatre à six de réseautage est prévu, avec bouchées locales en prime. Ce moment informel vise à favoriser les échanges entre participants, partenaires et professionnels dans une ambiance chaleureuse et propice à la création de liens durables.
Le Salon de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent est rendu possible grâce à l’appui financier du Programme services-conseils 2023-2028, par le biais des réseaux Agriconseils dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable, une entente entre les gouvernements du Canada et du Québec.

Les inscriptions sont ouvertes au tcbbsl.org. Photo : Courtoisie