Terres agricoles : le prix monte, l’accès se complique

La valeur des terres agricoles poursuit sa progression au Québec, comme en témoignent les données du rapport 2024 de Financement agricole Canada (FAC). Alors que la moyenne canadienne enregistre une augmentation de 9,3 % en 2024, la province affiche une hausse encore plus marquée, atteignant 13,3 % en 2023. Cette tendance, qui s’inscrit dans un mouvement de croissance continue depuis plusieurs décennies, reflète à la fois la vigueur du secteur agricole, et les défis qu’il engendre pour l’accès à la propriété.

MARC LAROUCHE

« Nous observons un marché toujours dynamique malgré les fluctuations économiques et la hausse des taux d’intérêt », peut-on lire dans l’analyse de FAC.
Certaines régions connaissent des hausses encore plus prononcées, notamment chez nous. Selon le rapport Transac-TERRES 2024 de la Financière agricole du Québec, le Bas-Saint-Laurent a enregistré une augmentation impressionnante de 61 % entre 2020 et 2023, portant la valeur moyenne des terres transigées de 3280 $ à 5291 $ l’hectare.
On explique cette montée des prix par plusieurs facteurs, notamment la rareté des terres disponibles, la demande croissante des exploitants agricoles cherchant à agrandir leurs superficies, et l’intérêt grandissant des investisseurs pour ce type d’actif.
En Chaudière-Appalaches, la tendance est encore plus marquée avec, selon le rapport, une valeur moyenne des terres en culture transigées qui a bondi de 14 480 $ à 23 382 $ l’hectare en un an seulement. Ce niveau de prix, parmi les plus élevés du Québec, reflète l’importance de l’agriculture dans cette région.
Entre perspectives et obstacles
Si cette valorisation des terres traduit la vitalité du secteur, elle pose également des défis, en particulier pour les jeunes agriculteurs et les nouveaux entrants sur le marché. Le coût élevé des terres rend leur acquisition plus difficile, en forçant plusieurs à opter pour la location plutôt que l’achat.
« Pour de nombreux jeunes producteurs, l’accès à la terre demeure le principal frein au démarrage d’une entreprise agricole », explique un expert de FAC. Cette situation pousse certains producteurs à se tourner vers des partenariats intergénérationnels ou des regroupements d’achats pour faciliter l’acquisition de terres.
De plus, bien que la valeur des terres continue d’augmenter, les conditions économiques actuelles, dont la montée des taux d’intérêt et la volatilité des prix des matières premières, pourraient ralentir cette croissance dans les années à venir.
Un marché en transformation
Malgré ces enjeux, l’attrait des terres agricoles ne faiblit pas. Plusieurs agriculteurs misent sur des stratégies de diversification et de mise en valeur des sols pour optimiser leur rentabilité. L’agriculture de proximité, l’essor du bio et les initiatives en agroforesterie participent également à cette dynamique.

Entre 2020 et 2023, la valeur moyenne des terres transigées au Bas-Saint-Laurent est passée de 3280 $ à 5291 $ l’hectare. Photo : Courtoisie