
Le transfert d’entreprise agricole demeure possible
Malgré la hausse du prix des terres et des taux d’intérêt, l’agent de maillage de l’Arterre pour le KRTB, Jean-Philippe Mainville, assure que le transfert d’entreprise agricole demeure possible, mais qu’il faut revoir les façons de faire, et être plus ingénieux.
Collaboration spéciale : Alexandre D’Astous
Le rôle de l’Arterre est de mettre en relation des propriétaires envisageant de se départir de leur entreprise avec des gens souhaitant intégrer le domaine de l’agriculture.
« Nous offrons un service de maillage axé sur l’accompagnement et le jumelage entre aspirants agriculteurs et propriétaires. Notre organisme travaille pour la reprise de fermes qui n’ont pas de relève identifiée, tandis que les transferts familiaux sont toujours encadrés par le Centre régional d’établissement en agriculture (CRÉA). Notre objectif, c’est d’éviter le démantèlement des entreprises, et d’en établir de nouvelles. On travaille pour une occupation dynamique du territoire agricole. On vise à avoir la plus grande variété d’entreprises et le plus grand nombre d’entreprises, parce que la consolidation des entreprises a un impact sur la vitalité de nos communautés. Lorsqu’une terre agricole est vendue à un non-agriculteur, c’est un morceau de notre culture qu’on perd », indique M. Mainville.
Taille des entreprises
Les nouveaux modèles de transfert viennent du fait que les entreprises doivent être de plus en plus grosses pour atteindre la rentabilité. « L’accès à la propriété devient de plus en plus difficile dans ce contexte. Il faut trouver de nouveaux modèles », mentionne l’agent de maillage dont le rôle est d’accompagner le cédant et le repreneur afin de bien définir les besoins de chacun.
« À partir des besoins identifiés, on tente de trouver des associations potentielles entre des repreneurs et des cédants. La plus-value de notre service, c’est le travail qui se fait en amont afin de permettre la pérennité des ententes qui seront signées. Dans certains transferts, l’aspect humain est énorme. Notre mission, c’est de créer des opportunités en dehors du contexte traditionnel. On travaille pour conclure des transferts, mais on travaille beaucoup avec la location ou des partenariats. »
Au Kamouraska, en 2024, l’Arterre a encadré une entente de location à long terme qui a permis l’émergence d’une nouvelle entreprise, et l’implantation d’une famille dans une municipalité. « L’impact sur la région n’est pas le même lorsqu’une terre est vendue à un grand joueur de l’extérieur, qui arrive avec ses semences et ses équipements, qui n’habite pas le territoire, et qui repart avec les profits », souligne M. Mainville.
Dans toutes les productions
L’Arterre est active dans toutes les productions agricoles. « On essaie de trouver des scénarios hybrides pour des gens qui n’ont pas la mise de fonds nécessaire pour l’achat d’une entreprise en partant. Nous avons des gens qui nous contactent pour d’autres besoins, comme des maraîchers qui veulent faire des projets sur de petites superficies, des projets fruitiers, des projets de cueillette. Nous avons des promoteurs qui souhaitent développer des fermes sur un hectare. Il ne faut pas négliger ces projets, puisqu’ils peuvent représenter une famille de plus dans une municipalité. Nous aidons ces gens à acheter des propriétés, ou à trouver des ententes de location. Il n’y a pas de modèle unique. Il y a de beaux scénarios alternatifs comme de faire les acquisitions par étape », affirme M. Mainville.
Parmi les nouveaux scénarios, certains propriétaires acceptent que la relève commence comme employé, pour ensuite acquérir graduellement des parts dans l’entreprise. « Le premier conseil que je donne, autant aux cédants qu’à la relève, c’est de nous contacter. Nous allons leur proposer les meilleures options en fonction d’où ils sont rendus, et de ce qu’ils veulent », lance M. Mainville.
La relève existe
Jean-Philippe Mainville assure que contrairement à la croyance populaire, la relève existe en agriculture. « On entend souvent que les relèves n’ont pas d’argent, ou que les jeunes ne sont pas intéressés à faire carrière en agriculture. C’est faux. Nous avons de bonnes relèves. Des gens qui ont des expériences de gestion, de l’expérience dans la production dans laquelle ils veulent travailler, de la formation dans leur domaine, et des capacités financières. C’est dommage de voir des producteurs démanteler leur entreprise, et nous répondre qu’ils ne pensaient pas que c’était possible de trouver un repreneur. »
M. Mainville signale qu’en ce moment, il y a des entreprises de haut calibre qui cherchent des relèves, et qui font des actions concrètes pour faciliter un transfert.
Depuis sa création en 2018, L’Arterre a accompagné 234 aspirants au Bas-Saint-Laurent, et 217 cédants « Nous sommes rendus à 43 ou 44 jumelages réussis, ce qui est une bonne proportion si on tient compte des 250 jumelages pour l’ensemble du Québec. Les chances de trouver ce qu’on cherche avec l’Arterre sont assez élevées. »

Jean-Philippe Mainville. Photo : Table de concertation bioalimentaire du Bas-Saint-Laurent
