
L’agriculture, pilier fondateur et moteur d’avenir dans la MRC de L’Islet
Littéralement, c’est dans la terre que tout a commencé. Depuis les premières concessions seigneuriales du Régime français au XVIIe siècle, le territoire de la MRC de L’Islet s’est développé au rythme des labours, des récoltes et de la résilience agricole de ses habitants. Si l’on célèbre aujourd’hui une agriculture innovante, diversifiée et porteuse d’avenir, c’est parce qu’elle est enracinée dans une histoire aussi fertile que tenace.
José Soucy
Dès la concession de la seigneurie des Aulnaies en 1656, suivie de celles de Bonsecours, de L’Islet–Saint-Jean et de Port-Joli en 1677, le blé et le chanvre ont constitué la base du développement économique local. Malgré le coup d’arrêt brutal de 1759, lorsque les troupes de Wolfe incendièrent les habitations et freinèrent l’essor du territoire, les terres, elles, n’ont jamais cessé de nourrir. Durant des générations, l’agriculture a été le cœur battant de la relance régionale.
Aujourd’hui encore, selon les dernières données, elle est un levier central. La MRC de L’Islet compte plus de 450 exploitations agricoles totalisant près de 23 200 hectares en culture — soit environ 11 % du territoire. Ces exploitations génèrent des revenus annuels de près de 88 millions de dollars. Une économie agricole solide ancrée dans la plaine littorale du Saint-Laurent, zone privilégiée pour les grandes cultures (blé, soya, maïs, orge, avoine), mais aussi dans une acériculture très active, avec plus de deux millions d’entailles.
Mais ce qui distingue particulièrement le territoire, c’est sa remarquable diversité. Pommes de terre, fraises, bleuets, sarrasin, tournesol, saule osier, épeautre, chanvre, et même conifères ornementaux s’y côtoient. L’arboriculture fruitière y occupe une place de choix, avec près de la moitié des superficies consacrées aux pommiers. La production animale y est également bien représentée, notamment les caprins, bovins, cervidés et volailles rares comme les oies et les canards.
Toutefois, cette agriculture prospère ne serait rien sans un solide appui structurel. Depuis l’adoption de son Plan de développement de la zone agricole (PDZA) en 2016 — qui sera actualisé en 2025 —, la MRC vise une agriculture de proximité, durable, ouverte à la relève et innovante.
Des initiatives telles que le Portail agro, les projets À bouche que veux-tu ! et Nourrir son monde, ou encore le marché virtuel La chèvre et le chou renforcent les liens entre producteurs et consommateurs, tout en soutenant l’agrotourisme.
La Table agro de la MRC joue également un rôle charnière dans cette dynamique, réunissant tous les acteurs du secteur autour d’objectifs communs. Le territoire est aussi traversé par des enjeux bien réels, en l’occurrence l’accessibilité aux terres, l’accompagnement de la relève via L’Arterre, et la cohabitation harmonieuse entre agriculture et loisirs, notamment par des initiatives environnementales financées par le MAPAQ.
Cette modernité agricole s’enracine dans un paysage complexe. Le territoire de la MRC, vaste de plus de 2000 km², s’organise en trois zones géomorphologiques : la plaine côtière (au nord, propice à l’agriculture), le piémont (au centre, exploité pour ses sablières) et le plateau appalachien (au sud, dominé par la forêt, avec une agriculture plus parcellaire). Ce dernier, qui couvre 83 % de la MRC, reste cependant un bastion pour l’exploitation forestière et la villégiature.
En somme, la MRC de L’Islet propose aujourd’hui une vision d’avenir qui respecte les racines du passé. Son agriculture, née de la terre battue des premiers colons et des sillons du Saint-Laurent, se projette vers demain avec créativité, résilience et ambition.

Les 450 exploitations agricoles de la MRC de L’Islet occupent environ 11 % de son territoire. Photo : Courtoisie
